Il y a près d’un an, Camille Kouchner publiait La familia Grande dans lequel elle dénonçait les actes incestueux de son beau-père, le politologue Olivier Duhamel, sur son frère jumeau. Ce n’est pas un scandale de plus, mais bien le scandale de trop. Car l’onde de choc médiatique -liée à la notoriété de l’auteur des faits- s’est mué en quelques jours en fait de société. Le week-end suivant la parution de l’ouvrage, le hashtag MeTooInceste s’installait en tête des tendances twitter et quelques semaines plus tard, la Commission Indépendante sur l’Inceste et les Violences Sexuelles faites aux Enfants (la Ciivise) voyait le jour avec, pour objectif, de faire émerger la parole des victimes et d’émettre toute une série de préconisations, notamment en matière judiciaire. En octobre dernier, un chiffre glaçant était rendu public : 22 000 enfants sont, chaque année, abusés par leur père, soit trois par heure. Comment comprendre le silence des victimes ? Comment, par ailleurs, expliquer notre incapacité à les entendre lorsqu’elles parlent ? Car elles parlent mais 70% des cas leur plainte sont classées sans suite. L’appareil judiciaire peut-il faire son aggiornamento ? Et à quelles conditions ? On en parle ici et maintenant.
Laure Boutron–Marmion, avocate de l’association “Face à l’inceste”
Marie Boëton
Leobardo Perez Arango et Camille Blumberg
Lucien Oriol