Revue de presse française   /     Ă€ la Une: l’Ukraine… Ă  la veille du 3e anniversaire de l’invasion russe

Shownotes

L’Ukraine est à la Une de l’Express, du Point et du Nouvel Obs. Le Point affiche la photo du président ukrainien Volodymyr Zelensky, surmontée d’un seul mot : « Debout ». Le Nouvel Obs et l’Express, eux, ont choisi de mettre en Une Donald Trump et Vladimir Poutine. « Le grand marchandage », titre le Nouvel Obs, « l’Europe effacée », se désole l’Express. Car c’est bien cette question qui taraude les hebdomadaires, semaine après semaine. Que peut faire l’Europe pour sauver l’Ukraine? « L’indignation des capitales européennes ne pèse pas grand-chose contre la volonté du président américain de négocier directement avec son homologue russe », nous dit l’Express. « Comment les dirigeants européens ont-ils pu à ce point se bercer d’illusions sur leur « importance » vis-à-vis de Trump ? » se demande l’hebdomadaire, qui ajoute : « Lâché par son plus grand allié, le Vieux Continent vacille. Et le temps ne joue pas en sa faveur ».  Le Point de son côté, parle de « défi historique » et ajoute : « En négociant directement avec Poutine, Trump lâche l’Ukraine et les pays de l’Otan, l’Europe fait face à une menace existentielle ».

Dissuasion

Quel rôle l’Europe peut-elle effectivement jouer ? Avec en filigrane, ce que le Nouvel Obs appelle donc « le grand marchandage », entre Trump et Poutine. « Quel poids l’Ukraine aura-t-elle dans les discussions ? » se demande aussi l’hebdomadaire. « Quelles garanties de sécurité peut-il y avoir face à Poutine ? », renchérit le Point, qui a interrogé Michel Goya. « Historien et consultant militaire », celui-ci estime que seule la dissuasion peut « faire peur à Poutine », « une dissuasion conventionnelle », dit-il. « La meilleure garantie de sécurité de l’Ukraine », ajoute Michel Goya, « est encore son armée », qui sera toutefois « toujours d’un potentiel inférieur à l’ennemi russe. C’est donc là qu’interviennent les soutiens de l’Ukraine, et probablement seulement les Européens, afin de combler cette différence ».  

L’Europe doit donc jouer sa propre carte. C’est aussi le point de vue de Camille Grand… L’ancien secrétaire général adjoint de l’Otan, estime dans l’Express que la balle est dans le camp de L’Europe : « Face à son destin, dit-il, l’Europe est poussée à faire sa révolution. N’oublions pas que la construction européenne est un projet de paix entre ses membres et avec le reste du monde ». « Longtemps, poursuit Camille Grand, l’Union a refusé d’investir dans la défense, c’était presque contraire à ses principes. Aujourd’hui, elle a tourné cette page. Elle comprend mieux le rapport de force. »

Economie de guerre

Néanmoins, l’optimisme n’est pas à l’ordre du jour. « Nous devons regarder l’avenir avec inquiétude », déclare même le ministre français des Armées, Sébastien Lecornu, dans une interview au Parisien Dimanche. Et il ajoute que la France est entrée dans « une économie de guerre ». « C’est déjà une réalité, explique-t-il, avec une augmentation des cadences de production considérable pour des matériels terrestres comme les canons Caesar ou les obus de 155 mm. »  « Le président de la République, ajoute le ministre des armées, m’a demandé de lui faire des propositions, pour accélérer encore notre réarmement et renforcer plus vite nos capacités ».  

Guerre de drones

L’Ukraine de son côté « continue à résister ». Ce sont les mots utilisés par le Point qui est allé à la rencontre de jeunes gens « barbus », et « tatoués », maniant « perceuses » et « visseuses ». Des jeunes gens qui, dans un immeuble à la périphérie de Kiev, fabriquent des drones. « La guerre libère les talents, ose même le Point, le pays compte quelque 400 producteurs de drones, 5O concepteurs de robots, 200 fabricants de système de brouillage. » Mais face aux Russes, les Ukrainiens ont fort à faire. « En un mois, à Kherson, explique un agriculteur reconverti à la fabrication de drones, ils nous ont envoyé 150 000 drones, contre 10 000 de notre côté ». L’optimisme a donc ses limites : « si l’Occident nous abandonne maintenant, on ne tiendra pas plus de six mois », reconnaît Taras Ostaptchouk, 38 ans, concepteur de robots qui devraient prochainement « assumer la moitié de l'approvisionnement des troupes ».

Kiev vous attend... 

Le Nouvel Obs s’est lui aussi rendu sur place en Ukraine… En quelques mots, l’envoyée spéciale de l’hebdomadaire nous dit ce qu’elle a vu : « des familles qui pleurent dans les gares, des vétérans amputés qui s’entraînent au club de gym, des civils qui fuient la conscription ». Là encore il est question, « des drones tueurs qui sifflent dans le ciel », « capables d’écrabouiller les chairs, de mutiler les corps ». Bref, la guerre continue mais l’espoir n’est pas mort. Dans la capitale, nous dit le Nouvel Obs, « on croise partout ce panneau optimiste adressé aux visiteurs étrangers : « Kiev vous attend après la victoire ». »